Aurélia, championne de France 2019 de triathlon longue distance

Aurélia, championne de France 2019 de triathlon longue distance

Aurélia Boulanger est devenue championne de France 2019 de triathlon longue distance. Elle nous fait revivre la course depuis l’intérieur, un grand plaisir !

S’accrocher dans l’eau

C’est l’objectif de la saison. Pour la première fois toute ma préparation les trois derniers mois sont consacrés à ce triathlon. Les semaines d’entraînements s’enchaînent, tout se passe bien jusqu’à la semaine pré-course où j’attrape la gastro, épidémie dans l’entourage… aïe… heureusement, les deux semaines précédentes, c’est baisse de volume ! Mais bon, il y a mieux comme affûtage. Jusqu’à la veille, j’ai des doutes sur mon état de santé mais de bonnes nuits de sommeil et je suis en super forme le jour J ! Pour moi l’objectif c’est donner le meilleur de moi même, sur une compétition avec un niveau plus élevé que d’habitude. Ma famille est là pour le soutien et toute la logistique, je peux ne penser qu’à l’essentiel pour le moment, bien s’échauffer !


Un petit tour à vélo et mon petit pignon ne veut pas passer. J’avais changé la cassette et la chaîne 2 jours plus tôt, grâce à mon super vélociste qui m’a fait ça rapidement, sur le coup ça passait, mais c’est ça de changer au dernier moment. Plus que 5 min d’échauffement dans l’eau et la fermeture de ma combi saute, ça y est la panique ! Mais me voilà devant le départ, 3 femmes à dossards préférentiel sont appelées en musique dont la championne de France de duathlon et la vice championne. Des mots d’encouragement entre femmes et ça donne le sourire. Après La Marseillaise, d’un coup la musique s’éteint, le silence règne, calme absolu et le départ est lancé !


Objectif de la natation : limiter l’écart avec les premières ! L’ambition quand on n’est pas nageuse de base. Quelques coups de bras, chacune cherche sa nage, mais globalement on a de la place. Je me retrouve vite dans un groupe devant, j’essaie de prendre des pieds : “je suis bien là, ne bouge pas, pose ta nage”. Passé 3 bouées, deux groupes se forment, un part à droite et un à gauche. Il faut surtout que je reste pas loin de quelqu’un car je ne vois rien, le soleil m’eblouit et j’ai tendance à ne pas nager droit et me tromper de parcours. “Aller à droite !” Manque de bol on arrive après, j’accélère un bon coup pour retrouver le groupe “tu es là pour te reposer ou quoi !”. Ce qui me permet de sortir 3ème au 1500m, incroyable! Tout commence parfaitement ! Une petite glissade et c’est reparti pour un tour ! Je perds un peu le groupe, je me retrouve seule, les premiers hommes me dépassent à une vitesse, c’est impressionnant. Je sors finalement 5eme de l’eau “c’est parfait !” Ça me donne la pêche pour monter sur mon vélo que je retrouve avec bonheur ! 7min d’écart avec la première, des mots d’encouragements de la famille et c’est parti pour 87km de vélo !

Doubler en vélo

Je grimpe sur mon vélo et commence à mouliner, je sais que le parcours est vallonné mais assez plat, comparé aux types de parcours que j’ai l’habitude de faire en triathlon – je choisis toujours le max de dénivelé. Je commence à m’hydrater et à m’alimenter, boisson iso et une tranche de pain d’épices. “3ème féminine”. Tiens j’ai dû dépasser deux filles à la transition. Première côte, je croise la deuxième, je lance un petit “courage” et puis “putain” comme réponse. Bon, c’est la compet’. Je suis bien essoufflée dans les petites côtes, je sais que c’est mon point fort, j’en profite. D’ailleurs les hommes me doublent rapidement sur les faux plats descendants et je réduis l’écart dans les montées. Tout se passe bien. Km 35 premier ravito, je ne prends rien, j’ai tout ce qu’il me faut, je double la première fille qui me lance un grand sourire “courage”. J’ai rattrapé les 7min de retard. A ce moment je profite à fond des kilomètres que je fais en tête de la course “t’es première en vélo, c’est dingue !!” Tout en sachant que ça n’allait pas durer.

Je me rappelle souvent que je suis là pour appuyer sur les pédales et pas me balader “c’est maintenant où jamais, il faut tenir”. Je continue de m’hydrater et une autre tranche de pain d’épices. Le parcours est magique, un vrai régal ! Km 60, ça y est, “le second souffle”, je suis dans mon effort, mes jambes brûlent mais je ne souffre pas, c’est le bonheur. Je suis toujours en tête, je commence à envisager la victoire “et si j’arrivais première en vélo ! Et si elles ne me rattrapent pas ? Et si… et si…? Je serais déjà tellement fière” Km 75, retour à Villefranche-de-Panat, il faut de nouveau faire le tour du lac, la fatigue se fait sentir, j’ai surtout envie d’arriver, le parcours est passé tellement vite mais là les deniers kilomètres sont coriaces.

Je finis mes deux gourdes, mange une troisième tranche, prends un gel. J’arrive à la transition “1ère féminine !!” J’y crois pas… mes parents non plus je crois, les entendant crier pendant que j’enfile mes chaussures de course à pied. Transition express et je me dirige vers le premier ravito où je m’arrose et bois un coup.

Gagner à pied

21km, soit 2 tours du lac. Un vélo m’ouvre la voie. Il me suivra tout le long. J’adore, je n’ai pas besoin de me préoccuper du parcours. Les jambes vont bien mais je sens que ce n’est pas non plus la grande forme “maintenant il ne faut pas lâcher”. Les encouragements sur le côté font grandement plaisir à entendre, ça motive ! J’ai regardé ma montre il était 12:08, comme à vélo, je n’ai pas de montre gps, pas de cardio, pas de compteur. Je fais à la sensation, en plus ça m’occupe, je fais des calculs dans ma tête pour savoir quand je vais terminer le premier tour.

Je commence à avoir des douleurs à l’estomac, je m’arrête à chaque ravito pour prendre de l’eau, du coca ou les deux, une fois du pain d’épices. Mais le coca c’est pire, les bulles remontent. Je sais que j’ai de l’avance mais j’ai l’impression de me traîner “si la deuxième est une grande coureuse, c’est sûr, même 8min elle me rattrape”. Pas de réseau ici, les gens ne peuvent pas me dire à combien de temps est la deuxième. Je commence à stresser, les jambes sont de plus en plus lourdes et il me reste encore un tour.

Le parcours autour du lac est magnifique ! Finalement je reprends un peu d’énergie et je me sens accélérer “aller tu vas le faire, c’est énorme tu imagines championne de France !!” “Et puis même deuxième ça serait génial !!” Je repasse devant les groupes d’encouragements, merci vous êtes énorme, cette fois j’en vois la fin. J’ai mal mais je sais que je vais arriver, 4km, 3km “il vous reste 600m!” J’ai envie de bénir le gars qui me dit ça. Et puis le speaker “l’arrivée d’ Aurélia Boulanger, on ne l’attendais pas vraiment aujourd’hui mais c’est notre nouvelle championne de France”. Je l’ai fait, c’est incroyable ! Merci à mon entourage pour le soutien indispensable.

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