Championnats du monde Ötillö 2021 : on a crié pour Aline, Elena, Pauline et Julien

Championnats du monde Ötillö 2021 : on a crié pour Aline, Elena, Pauline et Julien

Cette année, 4 RMAthlètes se sont retrouvés sur la finale de l’Otillo, en Suède. Après Marco et Xavier en 2019, ce sont Aline, Elena, Pauline et Julien qui ont embarqué pour un voyage d’île en île inoubliable. 

Aline nous raconte l’histoire qui l’a menée jusqu’à cette course :

Quand je rejoins le RMA il y a en 2018, lors d’un premier footing avec Greg, il m’explique que les activités pratiquées par les membres du club ne se cantonnent pas seulement au triathlon mais que certains participent à des trails, raids ou swimrun. J’ai ouvert grand mes oreilles quand il m’expliquait en quoi consistait le swimrun : nager d’îles en îles, courir en combi 🤔 ok j’adore les sports natures, je regarderai ce que c’est.. mais moi je suis plutôt branchée vélo hein !

Quelques semaines plus tard, je découvre les joies du forum WhatsApp du club à l’occasion de la finale Ironman de Kona, pour laquelle un membre du club a obtenu un slot et y participe : Elena. Ah ouais quand même, le mythe hawaïen, je pensais que c’était un autre monde, c’est la classe qu’un membre du club y participe.

Je sympathise finalement rapidement avec l’italienne et sa simplicité, au détour de quelques tours de piste. 

6 mois plus tard, Elena m’appelle pour remplacer Djé(😗) qui a un empêchement pour le swimrun d’Utö prévu en mai en Suède, berceau du swimrun ! 

Enfin l’arrivée !

Je me souviens très bien qu’elle me dit que « l’eau risque d’être très froide (au mieux 10°C) et le parcours est en grande partie sur rochers glissants, comme tu fais de la montagne, j’ai pensé à toi ». Sur le coup, je ne vois pas trop le raccourci entre la montagne et se plonger dans une eau froide à 19 reprises mais soit ! J’accepte avec plaisir cette curieuse proposition en jetant quand même un œil sur le site de l’Otillö pour m’assurer que le paysage en vaut le coup.

Décalée, je le suis, car je ne connais pas du tout l’historique de ce sport mais l’état d’esprit qui y règne me plaît immédiatement : pas de bling bling, du bricolage perso pour les équipements et une bonne dose de mental semblent être le cocktail idéal. Je pique un peu de matos à Sarhane et Amin (🙏), j’écoute les conseils de Xavier et Marco (😇) et c’est parti !

Je suis conquise, malgré les têtes bouffies de froid immortalisées à l’arrivée (The photo😱) et le fait que l’on est bien plus performantes en partie trail que dans la flotte 🙈 Ils nagent vite avec leurs plaquettes ces Suédois… L’ entente avec Elena est naturelle.

Rebelote au swimrun d’Engadin en 2020 où elle arrive à me convaincre, car la course se déroule dans des paysages somptueux de lacs et montagne, avec pas mal de dénivelé, au pied de la mythique Bernina. Le mental hors du commun d’Elena prend tout son sens ce jour-là ! En lui montrant les sommets, je négocie à l’arrivée de l’embarquer faire une sortie d’alpinisme, en retour de ces promenades frisquettes en lacs et mer baltique ! 

Confinements et calendrier de ministre s’en suivent, ne voilà pas qu’en mars 2021, paraîtrait qu’on ait reçu un mail comme quoi notre équipe est sélectionnée pour la finale Otillö (traversée de 24 îles en mer Baltique avec 65km de course à pied et 10km de natation). Elena me donne du temps pour réfléchir – au moins 2 jours – mais elle connaît déjà la réponse. Ce genre de défi m’a toujours attirée.

Je ne me rends pas tout de suite compte de l’effervescence tournant autour de cette épreuve et j’avoue ressentir sévèrement le syndrome de l’imposteur !

Parait que les parties course à pied sont techniques (ça c’est très cool), que c’est très long (assez cool aussi) que l’eau est froide (ça c’est moins cool), qu’il y a des vagues et du courant (ça c’est pas cool et ça fait flipper quand tu nages en touriste), que ça peut devenir l’enfer si il pleut et qu’il y a beaucoup de vent (hum… On a dit oui ?)

S’en suivra quelques mois où on se verra très peu avec Elena, et que chacune s’entraînera de son côté avec ses moyens. La pression de ses multiples sorties sur la côte varoise me pousse à chercher des coins d’eau pour nager pendant l’été, au grand désespoir de Lionel qui me voit décliner quelques courses de montagne.

Un dernier petit entraînement fin août avec super Rocky au swimrun vertical de Laffrey me rassure, je suis bien sur 30 bornes ! Bon y’en aura 45 de plus dans 15 jours et le hors- bord ne sera pas devant nous en nat’.

Dernière semaine peu rassurante pour moi avec une énorme crève tombant en otite : ça tombe à point dis donc, 1 semaine avant de devoir passer la journée dans l’eau et le froid.

Atterrissage à Stockholm pour rejoindre Julien et Pauline arrivés la veille. C’est cool d’être en petit groupe pour vivre ça, surtout avec eux deux. Ça dédramatise le challenge ! Jour J : départ par un petit ferry après une nuit courte dans un hôtel plus que confortable. On dort bien mieux qu’en refuge, c’est de bon augure ! 

L’atmosphère dans le ferry est lourde et suffocante, chacun dans sa bulle. Le débarquement sur l’île de départ de Sandhamn est rapide et c’est déjà l’heure du départ : tant mieux car on se fait bouffer par des énormes moustiques, tout excités par la chair fraîche de ces 320 paires de mollets.

Un p’tit hug, quelques secondes de concentration et détente avec mes 3 acolytes : que chacun kiffe cette journée et partage ses sensations avec son binôme. Je les saoule avec l’importance de la “communication” et la “gestion commune”.

Une bière bien méritée

Ce qui me vient en vrac quand je refais le film de la course :

Coup de pistolet, c’est parti ! Ça part vite quand même là, tient elle est froide mais je m’attendais à pire, elle est longue cette première nat’, on se pèle en fait, ils sont rapides ces gens autour, est-ce ce qu’on a encore des gens derrière nous ? c’est trop beau le soleil qui pointe en arrière plan, ah ouais c’est bien glissant les sorties d’eau, T02 59min pour 1h projeté, on est dans le jeu c’est parti, les lumières des premières heures du jour sur les bras de mer et petits bateaux de pêche..regarde comme c’est beau ! Cette nature ! C’est con qu’on n’ait pas eu la place de prendre un appareil photo, restons concentrées, je kiffe le granite et sauter de blocs en blocs, privilégiées, fait attention à tes chevilles, éviter la blessure, combien la prochaine section, les couleurs sont ouf, je t’attache, tourne ta ceinture, prête ? Bruyère & mousse, singles tournicotants, champignons à foison, si on se perd, on pourra s’en faire une petite poêlée, pose bien tes pieds, cherche les fractures danss le caillou, vivement le prochain ravito, coucou les petites méduses, mettons-nous sur les fesses pour rentrer dans l’eau, voilà Runmarö on va enfin pouvoir courir, coucou les Neptuniens : génial de trouver des têtes connues, déjà 4h01, ça passe vite, qu’est ce que c’est que cette vase dégueu et collante ? c’est cool de croiser des binômes en arrivant à T08 passage aller-retour obligatoire, voilà Laurent et Christophe avec qui on a fait connaissance la veille, Laurent multiple participant brillant de l’Otillö et des circuits swimruns, cool de les rattrapper, il faut que l’on regarde quelle trajectoire ils prennent en nat’ même si on ne pourra pas prendre leur pieds, ça sent le Pig swim, ah bah oui pas de doute le voilà, veux pas y aller, allez pas le choix, il est loin le stroboscope de l’autre côté, visons le bateau un peu à droite avec le courant, ça remue beaucoup, bam une tasse, c’est vrai qu’elle n’est pas salée cette baltique, c’est la baston allez, on va gagner, ça ne se rapproche pas là, fait froid mais faut que ça tienne, on nage côte à côte pour pas que celui de derrière ait froid, 10 secondes de bonheur dans ma combi pour soulager un besoin naturel mais surtt pr me réchauffer, le corps humain est une belle machine, vivement le semi, enfin les rochers, pose les mains, un Twix tendu par une bénévole nous indiquant que c’est bien ce qu’on fait et qu’il faut vite rentrer dans la forêt, mais quel bonheur ce Twix ! Moment exceptionnel de réconfort, je ne tremble pas trop des dents, ça va toi ? allez on court direct, faut réchauffer la machine on ralentira plus tard, l’île après la pig swim est exceptionnellement belle dans mes souvenirs peut-être car on a dit que si on sortait de cette nat’, on irait sûrement au bout, allez petite nat de 60 m et on aura vraiment le temps de courir pour se réchauffer, j’ai loosé mon système de pull buoy, ça me fait hyper mal à la cuisse et à l’aine va falloir que je compose avec ça, j’aurais dû écouter les conseils de Maître Julien. Une dernière grosse nat plein W, une petite fringale au milieu, on en aura fini avec le gros de la nat ! Elle tire cette cuisse, encore 30 bornes, c’est parti pr la grosse cap, ah bah c’est pas roulant tout ça, de la racine et des grosses platières de granite, on nous avait pas dit que c’était plat cette partie? ah la voilà cette route, longue, très longue et chiante ! Elena ne s’arrête pas de courir, je comprends que je ne vais pas avoir le droit de marcher beaucoup. ok ok compris ! Finalement malgré notre rythme de tortues on remonte pas mal de binomes.Tout le monde est cramé ou quelques fois blessé, mais tout le monde continue. C’est saisissant, chacun compte bien aller au bout. Marre de cette île d’Ornö. Les locaux croisés au bord de la route sont exceptionnels de gentillesse et d’encouragements, faisons bonne figure, T15 fin du semi, trop bien de pouvoir se rafraîchir dans la flotte finalement, Elena se permet une petite interview, penser à remettre la longe, heu…tu veux pas remettre ton pull et démêler tes plaquettes là ? Les jambes n’obéissent plus trop sur les passages en rocher, frustrant. Dernier ravito, miam du bouillon chaud et des cacahuètes, attends j’en reprends une fois, 2 fois, galère de courir avec la bouche remplie de cahuètes, j’ai peut-être abusé sur la quantité là, reste une belle partie technique, le rocher y est sculpté et magnifique sur la dernière série d’îles entre Marballing et Jarnholmen, vraiment splendide, encore une fois j’ai de la chance d’être là mais ça devient plus que galère de soulever les jambes et plier tout ça, 1, 2, 3 p’tites nat, c’était la dernière ? Ah non attend y’en reste peut-être une, j’ai perdu le compte ! Un binôme féminin qui apparaît juste devant, regards croisés avec Elena, on accélère inconsciemment, ça y est on est sur Utö, c’est chiant ce plat si on prenait notre temps, ah non accélérons car la bière nous attend ! Encore une pensée pour Alberto qui va gagner sa prédiction de timing (11h54) à deux minutes près (trop fort !), dernier virage au-dessus du port et montée vers l’hôtel du Vardhus où est située l’arche d’arrivée, mais bon sang pourquoi ils ont foutu cet hôtel en haut de la côte ? Ligne d’arrivée avec Mike le directeur de course nous accueillant, yes yes yes, grosse entrelaçade avec Elena, petits yeux vitreux et humides pour nous deux (trop sensibles ces nanas).

On l’a fait, finalement on ne doutait pas une seconde qu’on se donnerait à fond pour cette aventure et l’une pour l’autre mais passer concrètement cette ligne d’arrivée, ça fait quelque chose quand même ! Il paraîtrait qu’à la question de Mike « c’était comment? », j’aurais répondu  « c’était super » : aucun souvenir.

C’était cool de vivre ça à 2. C’était encore plus cool de vivre ça avec Elena. On est des privilégiées d’avoir pu faire cette course si convoitée. C’était cool de partager toute l’aventure avec le superbe binôme Julien & Pauline, qui n’ont rien laissé au hasard et géré de mains de maîtres toute leur préparation et course : splendide !! C’est encore plus cool de me dire que je vais pouvoir faire découvrir l’alpinisme à l’italienne, et qu’il n’est pas question qu’elle négocie encore une autre course avant.

Quand j’y repense, ces douze heures sont passées à une vitesse folle alors que je pense que l’on ne s’est finalement pas beaucoup parlées pendant la course, et pourtant j’ai la furieuse impression que le partage était immense ! 

Je ne remercierai jamais assez Elena d’avoir accepté de prendre la place du haut dans les lits superposés la nuit post-course.

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